La playlist du Dimanche #70 – Spéciale New Zealand


Bienvenue en Nouvelle Zélande ! Pays emblématique du Seigneur des Anneaux où résident les fiers All Blacks et les légendaires kiwis (oiseaux ne sachant pas voler. Aussi difficiles à apercevoir à l’état sauvage que de se voir attribuer un Psykokwak dans le labo du Professeur Chen). Si la Terre du Milieu est devenue l’une des destinations préférées des backpackers pour vivre l’aventure en mode Van Life, elle demeure encore trop méconnue du grand public concernant ses richesses musicales. Heureusement pour vous, notre envoyé spécial Pedro est là pour vous embarquer dans un road-trip auditif à travers ce que les Maoris appellent la Terre au Long Nuage Blanc (Aotearoa).

Lire la playlist sur les plateformes de streaming

Aldous Harding – Fixture Picture

Nous amorçons notre voyage avec Aldous Harding. Cette chanteuse/compositrice a été révélée en 2014 par l’un des principaux label indépendant du pays, Flying Nun Records, fondé à Christchurch. Ce label a signé d’autres artistes kiwis majeurs tels que Laurence Arabia, Mermaidens, The Phoenix Foundation… Aldous Harding a ensuite signé chez le londonien 4AD Records pour les albums Party (2017) et Designer (2019). Elle représente la nouvelle génération des artistes folk, genre populaire et indissociable à l’expérience road-trip.

Glass Vaults Oils and Perfume

Nous poursuivons notre route avec Oils and Perfume, dernier titre du groupe Glass Vaults, sorti fin avril 2020. Ces bons amis, originaires de Wellington, ont proposé à leur proches de se filmer chez eux en train de danser pour leur clip. Une immersion géniale dans l’intimité des Néo-Zélandais, alors en total confinement pour éviter la propagation du nouveau Coronavirus. Leur album The New Happy (2017) est par ailleurs excellent et satisfera les amateurs de Talking Heads ou de Tom Tom Club.

Connan Mockasin I’m The Man, That Will Find You

À présent, je vous propose de faire une petite pause afin d’admirer cette superbe vue depuis le Mont Maunganui (cf. photo) et de me laisser vous présenter l’un des artistes les plus importants, selon moi, de cette dernière décennie.

En 2011, sur les postes du CDI de notre lycée, mon ami Jules me fait écouter un remix de Forever Dolphin Love par Erol Alkan. La chanson originale est signée Connan Mockasin, totalement inconnu au bataillon. Je découvre alors un style jamais entendu auparavant, avec son premier album éponyme Forever Dolphin Love (2011). Un nouveau son caractérisé par une guitare claire aux effets chorus prédominants, joué en picking (avec les cordes pincées aux doigts et non au médiator). Un rythme lent, plutôt répétitif et parfois ambiant. Et surtout une voix déroutante : aiguë sous couvert d’occultisme.

De la sortie de cette bibliothèque à aujourd’hui, Connan Mockasin demeure selon moi l’un des rares musiciens dont l’univers et le style musical ne peuvent être reliés à aucun autre. Certaines de ses caractéristiques sonores serviront à d’autres évidemment (hello Mac DeMarco), mais des artistes comme lui, The Doors ou Gorillaz, peuvent difficilement servir d’inspiration sans que l’on soupçonne la maladroite mimique. Le tout donne un rendu profondément psychédélique, en apesanteur, comme si nous avions ingéré un puissant psychotrope et que nous plongions dans un trip par quarante brasses de fonds. Et c’est pourtant seulement 9 ans plus tard que je réalise enfin l’origine 100% Nouvelle-Zélande du produit Connan Mockasin

Moana and the Moahunters Kua Makona

Mais reprenons notre aventure pour en découvrir plus sur les premiers colons de l’Aotearoa. Plus connus comme marins aguerris que semi-hommes amoureux des choses qui poussent, les Maoris ont débarqué par vagues successives depuis la Polynésie durant la première moitié du XIVe siècle. Si elle ne représente que 15% de la population néo-zélandaise aujourd’hui, la culture maori demeure bien ancrée dans le pays et leur Haka (danse chantée destinée à impressionner leurs adversaires) a rendu ce peuple mondialement célèbre. En ce qui concerne leur catalogue musical, je vous propose de jeter une oreille au tube des années 90 ‘Kua Makona‘ (= avoir satisfait), qui résonnait à l’époque à travers tout le Pacifique. Un titre qui sent bon le soleil et le sable chaud.

The Black Seeds Cool Me Down

Dans tout juste 3 mois, les Néo-Zélandais s’apprêtent à voter par référendum, sur la légalisation ou non du cannabis. Si le oui l’emporte, la Nouvelle-Zélande rejoindrait le club fermé des états où la consommation de cette plante est considérée comme légale. En attendant ce possible évènement historique, observons comment les kiwis fument leur pets en sous-main. Contrairement aux Français qui coupent la weed avec du tabac, il est d’usage en Aotearoa de rouler le sacré cône totalement pur. Au vu du prix du paquet de roulé là-bas (60 NZD, soit 35 EUR), on comprend mieux pourquoi. Pour le fond sonore, le reggae et la dub sont des genres très populaires dont The Black Seeds peuvent être considérés comme les fers de lance en Nouvelle-Zélande. Fondé à Wellington en 1998, ce groupe de huit membres mené par Barnaby Weir a su galvaniser les amateurs de ce style à travers le monde grâce à des performances live parmi les plus acclamées.

Raiza Biza – Wassup

Côté hip-hop, la Terre du Milieu n’est pas en reste non plus. Au sein de la ribambelle de rappeurs qui se bousculent aux portes du succès se trouve Raiza Biza. Né au Rwanda, il passe une partie de son enfance en République Démocratique du Congo, au Zambie puis en Afrique du Sud avant de s’installer définitivement en Nouvelle-Zélande à l’âge de 13 ans. Il est alors le seul enfant africain de sa ville et son père lui explique qu’en tant que tel, il représente l’ensemble de sa communauté aux yeux des néo-zélandais. Avec son dernier album Bygones (2019), il explique sa volonté de tirer un trait sur son passé et de bâtir son propre héritage pour le transmettre plus tard à ses enfants, comme son père a fait pour lui.

Miss June – Twitch

Bon allez, il est temps de passer la cinquième avec la déferlante Miss June ! Après Matriarchy, un EP de 5 titres sorti en 2015, le groupe le plus rapide et bruyant d’Auckland sort Bad Luck Party, son premier album, paru en septembre 2019. Ce jeune groupe punk-rock s’est déjà attiré le regard des grandes pointes du genre tels que The Foo Fighters ou Idles. Avec ses riffs bien crasseux et la voix détonante d’Annabel Liddell, Miss June sonne peut-être, finalement, l’arrivée du digne successeur de Sonic Youth que le monde du rock attendait. À suivre de près donc.

BENEE – Soaked

À toute juste 20 ans, Stella Rose Bennett, aka BENEE, a déjà tout pour devenir la prochaine superstar de la pop néo-zélandaise. Après la sortie du single Tough Guy en 2017, BENEE sort son premier EP intitulé Fire On Marzz et rafle 4 récompenses au New Zealand Music Awards 2019 : Single de l’année (pour Soaked); Meilleure artiste solo; Révélation de l’année; Meilleure artiste pop. Pour couronner le tout, son dernier single Supalonely lui donne une visibilité internationale, notamment grâce au succès populaire du titre sur la plateforme de partage vidéo TikTok. Elle annonce la sortie de son premier album pour cette année 2020, avec un changement drastique de style par rapport à ces précédentes compositions. Espérons pour l’étoile montante que cet album transformera l’essai de Fire On Marzz, car BENEE pourrait bien devenir l’artiste kiwi la plus reconnue dans le monde. Une reconnaissance que seule Lorde a obtenu jusque-là.

The Phoenix Fondation – Bob Lennon John Dylan

Dernière étape avant la fin de notre road-trip. Nous retrouvons le label Flying Nun Records avec l’un de ses meilleurs éléments : The Phoenix Foundation. Nom inspiré par une organisation fictive dans la série MacGyver, ce groupe de rock indé est né à l’université de Wellington en 1997 et compte six albums à son actif. Pour fêter les dix ans de l’album Buffalo, The Phoenix Foundation a sorti cette année une édition spéciale avec des titres inédits. The Phoenix Foundation se démarque aussi par son implication dans le cinéma, participant à la bande originale des films Eagle vs Shark (2006) et Boy (2010), du réalisateur néozélandais Taika Waititi.

Unknown Mortal Orchestra – Can’t Keep Checking My Phone

Bien que basés à Portland (USA), ce sont deux Néo-Zélandais qui sont à l’origine d’Unknown Mortal Orchestra (UMO). Comme Tame Impala ou King Gizard & the Lizard Wizard, UMO participe à la nouvelle vague psychédélique qui frappe l’Océanie début 2010, avec une pointe de mystère dans leur début de carrière. Le chanteur et guitariste Ruban Nielson publie alors sa chanson Ffunny Ffriends sur sa page Bandcamp, vierge de toute information concernant son créateur. Pourtant le titre suscite vite l’intérêt parmi les sites spécialisés, comme Pitchfork, et une chasse à l’homme commence pour trouver son compositeur. Ruban Nielson finit alors par admettre que la chanson est signée UMO, et marque ainsi le début de son histoire.

Pour avoir assisté à leur concert le 28 mai 2018 dans la mythique salle de l’Ancienne Belgique à Bruxelles, je peux témoigner de la fougue que déploie ces gars sur scène. Avec un son plus saturé et des solos de guitare épiques qui viennent ponctuer leurs morceaux, UMO n’hésite pas à proposer des sons nouveaux par rapport à leurs enregistrements studios.

Un groupe détonnant qui vient achever de la plus belle des manières notre voyage musical à travers la Nouvelle-Zélande !

Retrouver la playlist sur les plateformes de streaming


Tracklist :
1) Aldous Harding – Fixture Picture
2) Glass Vaults – Oils and Parfume
3) Connan Mockasin – I’m the Man, That Will Find You
4) Moana and The Moa Hunters – Kua Makona
5) The Black Seeds – Cool me Down
6) Raiza Biza – Wassup
7) Miss June – Twitch
8) BENEE – Soaked
9) The Phoenix Foundation – Bob Lennon John Dylan
10) Unknown Mortal Orchestra – Can’t keep checking my phone

Pedro from NZ with love