Retour en terre promise pour assister aux 41ème Rencontres Trans Musicales de Rennes ! Avec pas moins de 80 artistes programmés, le festival réputé pour sa programmation éclectique et ses découvertes, a de nouveau tenu toutes ses promesses. Présents au parc expo vendredi et samedi soir, on revient sur les artistes qui auront marqué cette édition. Musique !
Los Bitchos
Première découverte de cette édition, Los Bitchos déploie un rock instrumental aux accents latino et à la finition rétro-psyché. Formé à Londres, mais composé de cinq jeunes femmes venus d’Angleterre, d’Australie, de Suède et d’Uruguay, le girl-band a notamment joué en première partie de Ty Segall ou encore de Mac De Marco !
Sur scène, Los Bitchos affiche autant de maîtrise que de décontraction. Rapidement, leur allure désinvolte et leur bonne humeur arrosée de tequila gagnent les faveurs du public du hall 3 venu en nombre. Si aucune autre date n’est encore prévue en France, les filles de Los Bitchos devraient toutefois faire parler d’elles en 2020 avec la sortie de leur premier album. En attendant, on vous recommande leurs merveilleux titres Trapdoor et Bugs Bunny pour vous sortir de la torpeur hivernale !
Guiss Guiss Bou Bess
3h30. L’heure de rejoindre le Hall 8 pour un concert que nous avions pris soin de cocher sur notre programme. Après s’être produit la veille au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, les franco-sénégalais de Guiss Guiss Bou Bess jouent cette fois-ci au Parc Expo dans une salle pleine à craquer. Emmené par le chanteur Mara Seck, le trio compose un mélange d’électro et de sabar, sorte de tambour sénégalais joué de manière hyper-rythmée.
Le concert commence par Set Sela, titre qui donne son nom à l’album et signifiant « rendre visite » en wolof. Sans doute la meilleure manière de débuter ce merveilleux moment et nous inviter à tous rejoindre à la fête. Le public est conquis, chante, saute et explose lorsque deux danseurs sénégalais débarquent sur scène au rythme des percussions. Enfin, après avoir joué pendant une heure leur premier album sorti quelques heures plus tôt, Mara rend hommage à son père Alla Seck, célèbre chanteur-danseur et compagnon de Youssou N’Dour. Avec Guiss Guiss Bou Bess l’héritage familial est bien conservé !
Minyo Crusaders
De toute la programmation, les Minyo Crusaders étaient certainement le groupe que l’on attendait avec le plus d’impatience. Directement venu du pays du soleil levant, le big band s’inspire des chants folkloriques japonais (min’yō) pour produire un son au carrefour de la world-music : entre cumbia, afro-funk et reggae. Chaque morceau de l’incontournable Echoes Of Japan (Mais Um, 2019) est d’ailleurs sous-titré du genre qu’il représente, à l’image de l’excellent Akita Nikita Bushi (Ethiopian Groove).
Désignés pour clôturer seuls la nuit du vendredi, les dix Crusaders jouent avec la même justesse les arrangements instrumentaux qui font la qualité de l’album. Mieux, on y retrouve la voix du chanteur min’yō à l’identique, sensible et poignante. Une fin de soirée insolite et terriblement jouissive.
Acid Arab
Samedi, l’heure n’était pas à la découverte avec les très attendus Acid Arab. Véritable tête d’affiche du festival avec leur électro-raï, la formation parisienne menée par Guido Minisky et Hervé Carbalho jouaient d’ailleurs pour la seconde fois aux Trans après un premier passage en 2013.
Retour gagnant donc pour les babtous d’Acid Arab, venus présenter en exclusivité le live de leur nouvel album sorti en octobre, Jdid (Crammed Disc, 2019). Un show haut en couleur aux airs de kermesse orientale rythmée par l’apparition de guest à chaque morceau où presque. On retrouve ainsi le chanteur de pop-raï Sofiane Saïdi ou encore les Filles d’Illaghadad qui posent leur voix sur Soulan, titre techno lent et cadensé. Des invités de prestige qui apportent toute la chaleur au live d’Acid Arab et sans lesquels celui-ci manquerait sans doute un peu de vie.
Slift
Il est un peu plus de 2h30 lorsque la magie des Trans opère. En quête de nouvelles découvertes, on se balade de scène en scène pour enfin atterrir Hall 3 devant Slift.
Atterrir ou plus exactement décoller, car avec un premier album intitulé La Planète Inexplorée (2018, Howlin’ Banana) les trois toulousains nous embarquent pour un voyage spatial aux confins du krautrock, du psychédélisme et du rock-garage. Les astres étant décidément alignés, on assiste à une prestation de grande qualité où l’improvisation est autant présente dans la musique que dans le visuel époustouflant du groupe. Slift perpétue ainsi la tradition scénique de groupes tels que Zombie Zombie, Temples ou encore Can. Leur deuxième album UMMON est annoncé le 28 février pour une release party à ne pas manquer le 23 mars au Point Ephémère !
NST & The Soul Sauce meets Kim Yulhee
La fin de soirée de samedi ressemblera étrangement à celle de la veille : sur le hall 8, les sud-coréens de NST & the Soul Sauce revisitent les musiques traditionnelles de leur pays à la sauce soul, roots et reggae. Accompagnée de la chanteuse de pansori Kim Yulhee, le groupe a récemment sorti son deuxième album, Version (Eastern Standard Sounds, 2019), dans lequel il incorpore brillement cet art lyrique ancestral à des compositions joyeuses au groove hypnotique.
Sur la scène des Trans Musicales, cette association improbable sonne d’autant plus évidente que la voix majestueuse de Kim Yulhee s’accorde parfaitement aux rythmes lents et appuyées des NST, transcendant au passage tout le public. Délicat et subtil, le concert contraste ainsi avec tout ce qu’on a pu entendre jusqu’alors. Un ovni qui au moment de quitter le parc des expositions, demeurera l’un des moments de grâce de cette 41ème édition.
Jah, La Gum’z, Phil et Loulou