MaMA Festival #10 – 16-18.10.19 – Un vent de fraîcheur sur Paris

Du 16 au 18 octobre, se déroulait la dixième édition du MaMA Festival.

Nous vous l’annoncions, le programme était chargé : plus de 120 concerts répartis dans 10 salles toutes situées en plein coeur de Pigalle.

A défaut de détenir le don d’ubiquité, nous avons dû effectuer des choix cornéliens au sein de la riche programmation du festival et bien souvent couru de salles en salles pour tenter de ne rien louper (avec plus ou moins de réussite) !

Blague à part, cette édition 2019 fût pour nous l’occasion de découvrir de nombreux artistes et lieux de fête parisiens. Retour sur 3 jours de concerts ayant soufflé un vent de fraîcheur sur Paris, à l’heure où le festival soufflait lui-même ses 10 bougies. 

Mercredi 16 octobre

Il est 19h30, c’est le moment pour nous de débuter cette édition, direction La Cigale.

Ha The Unclear

Pas grand-chose à se mettre sous la dent avant d’aller voir Ha The Unclear, mis à part un titre très efficace qu’est Where Were You When I Was All You Needed?. On y découvre une formation à deux guitares, une basse et une batterie, tous arborant fièrement une magnifique chemise à fleurs, ce qui ne saurait déplaire aux Lads. Les morceaux s’enchaînent, malheureusement beaucoup trop vite avec un set de moins de trente minutes, mais les riffs nous rappellent vaguement certains morceaux d’Antidote de Foals. On attend avec impatience leur album qui sortira en janvier 2020.

The Pier

Avec une timeline très serrée, on décide de partir un peu avant la fin pour marcher quelques mètres et nous retrouver à La Boule Noire. Sur scène, The Pier, groupe italien de math-rock avec une composition similaire au groupe précédent, mais dans un registre beaucoup plus énervé. On a aimé le côté progressif de leur musique, ainsi que leur côté punk, comme on peut l’entendre sur Rainshield. Cependant, on n’a toujours pas compris l’ajout d’une partie enregistrée “électronique + saxo” que l’on retrouve sur le titre Sleep.

La Jungle

Après une courte pause, nous voilà de retour à La Boule Noire afin d’assister au live très attendu de La Jungle. En effet, après avoir découvert il y a quelques mois leur album Past//MiddleAge//Future (Black Basset Records, 2019) et eu vent de leur réputation sur scène, nous nous attendions à un grand moment. Notre avis ? C’était “ouf”, il n’y a pas d’autre mot ! Sur scène, les belges sont véritablement deux phénomènes ! D’un côté, un batteur muni d’une technique et d’une énergie incomparables, de l’autre, un guitariste charismatique aux mimiques étranges et imitant parfois des animaux. Une réappropriation de la noise, avec des boucles de guitare et des cris enregistrés auxquels viennent s’ajoutent guitare et batterie furieusement jouées en live. Difficile de définir leur musique tant elle est géniale. On vous laisse donc vous faire votre propre avis avec la captation d’ARTE Concert.

Yellowstraps

Décidément, il est vraiment difficile d’assister à un concert en entier tant la programmation est riche et qualitative. On choisit donc de quitter La Boule Noire pour foncer vers une salle encore inconnue pour nous : le Backstage By The Mill. En effet, YellowStraps avait attiré notre attention avec un Colors d’une grande efficacité où l’on pouvait voir les deux frères Yvan et Alban Murenzi, l’un à la guitare, l’autre au micro. Sur scène, on les retrouve cette fois en formation “live band”. Accompagnés de trois excellents musiciens, les belges nous livrent un moment tout en détente et simplicité. Un mélange de soul et de R’n’B qui nous rappelle plaisamment des artistes tels que James Blake ou King Krule.

Wildes

Pour finir cette première soirée, direction Le Carmen. On y retrouve WILDES, de son vrai nom Ella Walker. Seule, munie d’une guitare électrique, on pense tout de suite à Anna Calvi que l’on avait pu voir lors de la dernière édition hiver de la Route du Rock. Sa voix, elle, nous rappelle plutôt Florence + The Machine ou Romy Madley de The xx. On assiste à un beau moment où l’univers de la jeune anglaise s’accorde parfaitement avec la beauté de cet ancien hôtel particulier du XIXe siècle. Avec un brin de charisme et d’expérience en plus, c’est assurément que nous entendrons reparler d’Ella dans les années à venir.


Jeudi 17 octobre

Mauvais Oeil

C’est en beauté que nous avons ouvert ce second jour de festival, grâce au concert de Mauvais Oeil, qui nous a tout de suite envoûté par sa pop électronique et un brin psychédélique aux multiples influences orientales. Le duo, assisté d’un troisième acolyte à la batterie et au derbouka pour l’occasion, nous a offert une prestation énergique, portée par Sarah, chanteuse à la danse lascive oscillant entre arabe et français et Alex, multi-instrumentiste, tantôt au synthé, tantôt à la guitare ou au traditionnel saz. Si vous les avez loupés, pas de panique, ils seront prochainement à Lille en première partie des talentueux Altin Gün et de retour à Paris le 4 décembre dans le cadre du festival Nyokobop au Hasard Ludique, pour nous communiquer à nouveau toutes leurs bonnes vibes.

Oscar Jerome

Après l’avoir découvert avec le titre Gravitate, nous avions placé de grandes attentes sur Oscar Jerome. Échappé de KOKOROKO, où il est guitariste, le jeune prodige de la scène londonienne vient ici défendre son projet solo. Accompagné de trois musiciens, Oscar Jérome nous a offert une prestation très riche où l’on a découvert ses multiples influences, du jazz au hip hop, ce dernier revendiquant même puiser son inspiration chez des artistes tels que Gil Scott-Heron ou encore Ali Farka Toure. Malheureusement, on aurait presque préféré le voir réellement en solo tant le duo guitare-voix est efficace et les accompagnements au saxophone nous ont dérangés.

Moka Boka
 

Programmé au sein de l’écrin doré du Carmen, le jeune rappeur bruxellois Moka Boka, issu d’une scène belge francophone en plein essor, était dans des conditions idéales pour dérouler son rap romantique, certes un peu convenu à l’image du titre Héraclès, mais à l’instru terriblement efficace. Toutefois, les problèmes techniques n’ont pas aidé à mettre en confiance le jeune artiste qui, à regret, n’a pas su donner la pleine mesure de son talent.

Xixa
 

LA découverte de cette édition avec La Jungle. Tout droit venus d’Arizona, XIXA (à prononcer chicha, ou quelque chose comme ça) nous ont offert une prestation pour le moins intrigante et, de notre avis, complètement hallucinante. Le chanteur, Gabriel Sullivan, accompagné de son complice Brian Lopez et de cinq autres musiciens, ont délivré un véritable show à l’américaine : look et attitude à la Robert Smith pour le chanteur, riffs de guitare rugueux et sombres sur fond de rythmique cumbia et utilisation outrancière de la machine à fumée nous ont plongés dans une atmosphère de western à la Tarantino. Le résultat est fou et l’expérience inédite.


Vendredi 18 octobre

Molécule

C’est parti pour la dernière soirée de ce MaMA Festival 2019, que l’on décide de commencer calmement. Evidemment, c’est une blague, car nous revoilà dans une Cigale pleine à craquer pour assister au nouveau Live Acousmatic 360° de Molécule. On le retrouve accompagné d’un autre DJ ressemblant de loin à Michel Polnareff (vous avez bien lu, Polnareff). Pour la première fois, Romain Delahaye se présente sans visuel, placé avec l’ensemble de ses machines au centre d’une salle intégralement plongée dans le noir et parfois illuminée par les lumières des stroboscopes. Les sons fusent de toutes parts, dans une ambiance quasi-apocalyptique similaire à celle d’un after techno alors qu’il est seulement 21h30. Une expérience musicale unique, qui doit sans doute beaucoup au son spatialisé développé par la technologie de l’hyperréalisme sonore L-ISA de L-Acoustics. 

SEIN

Groupe inconnu pour nous avant ce MaMA, Sein fût l’une des bonnes surprises du dernier soir. Mélangeant les influences hip-hop électro, le duo venu de Paris a livré un live énergique qui a retourné La Chaufferie à la Machine du Moulin Rouge. Très jeunes (20 ans), les deux rappeurs ne cessent de monter et on comprend désormais pourquoi.

La Chica

Artiste franco-vénézuélienne établie à Paris du côté de Belleville, La Chica a délivré un live intime au Backstage By The Mill, déroulant sa Latino-Pop aux sonorités d’Amérique latine et rythmiques électroniques contemporaines. Le résultat est onirique à souhait et parfaitement maîtrisé. Tantôt envoutés par la ballade Oasis puis frappés par l’entêtant Drink chanté en anglais, La Chica a réussi à captiver le public venu en nombre pour apprécier son aisance scénique. Cambio, son album sorti en février 2019 fait d’ores-et-dejà figure de must-have.


A l’heure du bilan, il est clair que cette édition 2019 du MaMA Festival a répondu aux attentes qu’elle suscitait. Fraîcheur, éclectisme et découvertes ont été les maîtres-mots de ces 3 jours de fête.

A n’en pas douter, on se retrouvera en octobre 2020 pour la onzième édition du festival de Pigalle ! 

Les Lads