Top Albums des Lads 2018

Avant de se lancer définitivement dans une année 2019 qui s’annonce pleine de belles surprises, toute l’équipe vous propose ses coups de coeur de l’année 2018 dans un mélange éclectique, telle une représentation la plus fidèle possible des différentes influences de chacun.

La Gum’z

Her – Her (Barclay)

Her - Her (Barclay)

Pour commencer ma sélection d’albums 2018, comment ne pas évoquer le premier et unique album de Her ? Après le décès de Simon Carpentier (confondateur, guitariste et chanteur) le 13 août 2017, Victor Solf s’était engagé à terminer l’album et à défendre l’album en tournée pour rendre hommage à son ami de toujours. Et quel hommage ! Un album lumineux, un hymne à la vie, un mélange de pop, de soul et de rap avec notamment On & On en collaboration avec Roméo Elvis. En somme, un album sincère et fidèle aux valeurs du groupe. Après les avoir vu au Bataclan, à l’Ubu ou encore à l’Opéra de Rennes, peut-être ira-t-on les voir une dernière fois avant la dissolution du groupe ?

Feu! Chatterton – L’Oiseleur (Barclay)

Feu! Chatterton - L'Oiseleur (Barclay)

Difficile de ne pas mettre dans mes coups de cœur de cette année le fabuleux deuxième album des cinq parisiens de Feu! Chatterton. On les avait découvert en 2014 au festival Les Indisciplinées de Lorient avec seulement un EP où on y trouvait les tubes que sont Côté Concorde et La Malinche, cette année on les a retrouvé au festival Mythos de Rennes pour la consécration. La plume d’Arthur Teboul, magnifiée par les mélodies des quatre musiciens, nous invite au voyage, à la fuite, comme rappelle le titre Le Départ, adaptation du poème L’Aventure de Paul Eluard. Mais ce qui a surtout tranché sur cet album, c’est la diversité des genres et le travail vocal d’Arthur, lui permettant d’endosser plusieurs costumes et notamment celui de chanteur, respectivement représenté par L’Ivresse et Sari d’Orcino.

Mais aussi : L’Impératrice – Matahari (microqlima), Rhye – Blood (Loma Vista Recordings),  Muddy Monk – Longue Ride (Half Awake Records), Flavien Berger – Contre-temps (Pan European Recording), Beach House – 7 (Bella Union), Jungle – For Ever (XL Recordings Limited), Jonathan Wilson – Rare Birds (Bella Union), John Maus – Addendum (Ribbon Music LLC)

Jah

Nino Ferrer – Nino and Radiah Et le Sud (Barclay)

L’actualité musicale n’est pas toujours là où on pense la trouver, en témoigne le nombre croissant d’albums du siècle dernier bénéficiant d’une seconde sortie, et pour ainsi dire d’une seconde vie. Bien inspiré, Barclay a ainsi eu la belle idée de remettre au goût du jour, quarante ans après, une oeuvre oubliée et pourtant étrangement familière : Nino and Radiah de Nino Ferrer.

On parle bien ici du disque qui a inspiré Le Sud, grand classique de la chanson française et titre le plus célèbre de l’italien si l’on exclut ses autres succès populaires tels que Mirza, Les Cornichons ou encore Le Téléphon. Derrière le costume de chanteur de variété, se cache en effet un homme sensible et tourmenté, qui, avec la sortie de Nino and Radiah en 1974, fait vœux de rompre avec cette étiquette. Nino Ferrer écrit et compose alors son album en anglais, lequel débute ainsi sur la version originale de son titre phare : South. Largement inspiré par la musique nord-américaine de l’époque, les sept morceaux qui suivent naviguent dans un registre folk-blues augmenté d’une basse et  assorti d’arrangements instrumentaux particulièrement réussis (Looking for You). Cerise sur le gâteau, la réédition 2018 s’achève sur une version acoustique bonus de Le Sud, non présent sur l’album d’origine et d’ailleurs loin d’être essentielle.

Car pour le reste, Nino and Radiah demeure un disque profond et actuel, absolument incontournable, dans lequel on lit toute la mélancolie et la détresse d’un artiste majeur, à jamais incompris.

Flavien Berger – Contre-Temps (Pan European Recordings)

De toute les sorties de ces 12 derniers mois, seul un album fait l’unanimité dans notre rédaction : celui de Flavien Berger. Et si chacun trouvera volontiers des raisons qui lui sont propres pour inclure Contre-Temps dans son top 2018, force est de constater que Flavien Berger touche ici en nous quelque chose d’universel et d’intime. Une corde sensible prête à vibrer à la première écoute des notes de clavecin de Castelmaure et de la pop feutrée de Brutalisme. On se laisse ainsi porter par ces poèmes modernes aux sonorités électroniques, sublimés par la voix claire et nonchalante du garçon. Passant par toutes les émotions avec des titres aussi rythmés (A Reculons) que mélancolique (Pamplemousse), l’album s’achève sur Contre-Temps un morceau fleuve, magnifique et grandiose. C’est beau, c’est bien, et on sort de cette rêverie d’une heure comme on sortirai d’une séance de thérapie amoureuse, l’esprit léger et le cœur étreint.

Mais aussi : Nu Guinea – Nuova Napoli (NG Records) ; Various – Gumba Fire (Bubblegum Soul & Synth Boogie in 1980s South Africa) (Soundway) ; Shams Dinn – Shams Dinn (Smiling C)

Corentin

Island – Feels Like Air (Frenchkiss Records)

ISLAND est incontestablement l’un des groupes qui a explosé en 2018 avec un album dans la veine de ses précédents EP, dont le très bon A Place Like You sorti en 2017. Le quatuor venu d’outre-manche porte en héritage les groupes anglo-saxons de la fin du siècle dernier avec un attitude rock, des guitares agressives et la voix éraillée de Rolo Doherty. L’insouciance et l’énergie d’un morceaux comme Ride peut laisser la place à des balades belles et émouvantes telles que Feels Like Air ou LilyFlower. Oscillant entre la jeunesse de leur âge et une maturité sur scène – que nous avions vu s’exprimer en 2018 lors d’un mémorable concert au Pop-Up du Label – ISLAND trace une route qui s’annonce belle et vient revitaliser une scène rock qui en avait bien besoin.

Domenique Dumont – Miniatures de Auto Rhythm (Antinote)

Difficile de classer Domenique Dumont tant le mystère entoure ce nom. Longtemps nous nous sommes demandés qui se cachait derrière ces mélodies légères avant que le duo déclare venir de Lettonie et avoir collaboré avec une artiste française. Pour le reste, cela donne un album très pop aux notes mélodiques efficaces et terriblement addictives. Un régal pour les oreilles avec un coup de cœur particulier pour Sans cesse, mon chéri qui pourrait être le single d’une BO de film d’été des années 80, cocktail à la main et chemise à fleur sur les épaules.

Mais aussi : George Fitzgerald – All That Must Be (Domino Recording Co Ltd), Räar – Le Pendu (Vaerel Records)

Florian

Shame – Songs of Praise (Dead Ocean)

Signés sur le label anglais Dead Ocean, le quintette Shame a frappé fort avec son premier opus, Songs of praise, sorti début 2018. Après avoir écumé les pubs anglais et tourné en Europe en quête de son public, le groupe originaire du sud de Londres a réussi à se faire une place sur une scène punk anglaise hyperactive. Mené par son charismatique chanteur Charlie Steen, double mystique de Joe Strummer des Clash, le groupe reprend les codes du genre à la perfection.

Des guitares ultra-saturées dès les premières notes de Donk aux solos et refrain terriblement entêtants de One rizla, les anglais de Brixton développent un son musclé et une amplitude live proche de celle des mecs complètement barés de The Fat White Family, dont il assuraient régulièrement les premiers parties. Il faudra être patient avant de les (re)voir à La Route du Rock, où ils ont fait un passage remarqué l’été dernier !

Beach House – 7 (Sub Pop)

7, comme le nombre d’albums dont nous a gratifié le duo américain Beach House, a été l’un des coups de cœurs du début de l’année 2018. On y retrouve tous les éléments qui ont fait le succès du groupe : une dream pop éthérée et hypnotique, parfois chantée en français comme sur le refrain de L’inconnue, dont-il résulte un envoutement inéluctable.

Si le duo fait la part belle à ses influences Shoegaze avec le titre Dark Spring ouvrant l’album, on sent toutefois les nouvelles inspirations du groupe avec le psychédélisme de l’énigmatique Black CarCe septième opus est parfaitement conclu par le titre Last Ride, morceau de 7 minutes parachevant le retour aux affaires retentissant des natifs de Baltimore.

Mais aussi : Motorama – Many Nights (Talitres) ; The KVB – Only Now Forever (Invada Records) ; Rendez-vous – Superior State (ARTEFACT & CRYBABY)

La Gum’z, Jah, Coco et Flo